Bruno Andrioletti : « L'engagement des étudiants est clé dans le campus de demain »
Bruno Andrioletti : « L'engagement des étudiants est clé dans le campus de demain »
Propos recueillis par Matthieu Martin.
Ville de demain | La transition vers un campus durable ne pourra pas se faire sans l’engagement de celles et ceux qui l’habitent. Et en premier lieu les étudiants, souligne Bruno Andrioletti, responsable de la mission Développement Durable à Lyon 1.
Entretien avec Bruno Andrioletti, Professeur des universités en chimie durable (Lyon 1). Membre du Laboratoire CP2M et directeur de l’Institut de Chimie, il pilote la mission Développement Durable à l’Université Lyon 1.
Quels sont les objectifs de la mission développement durable de l’Université Lyon 1 ?
Cette mission a été créée en 2016 à l’initiative du président de l’Université Claude Bernard Lyon 1, Frédéric Fleury. Son objectif est de structurer des actions pour avancer sur la voie de la transition vers des campus durables. Elle fonctionne grâce à des personnes engagées qui ont la fibre développement durable. Avec elles, nous organisons par exemple une semaine du développement durable – ce qui était plutôt précurseur en 2016 –, des ateliers de sensibilisation à la collecte et au tri des déchets…
Plus globalement, il s’agit de mener une réflexion sur les pratiques des personnels administratifs, des enseignants-chercheurs et des étudiants, sur l’ensemble des campus de l’Université Claude Bernard Lyon 1. Nous avons pour cela identifié plusieurs axes prioritaires, tout en tenant compte de certaines contraintes, notamment en matière de sécurité (plan Vigipirate, risque incendie…). On ne peut pas faire ce que l’on veut sur un campus, qui plus est sur un campus ouvert comme celui de la Doua.
Quelles contraintes posent un campus ouvert ?
Un campus ouvert complexifie les choses à plusieurs niveaux. Sur la gestion des déchets par exemple, on a un maillage très complexe. Sur la Doua, la collecte des déchets est du ressort du Service Logistique de Proximité. Sur d’autres campus, la gestion des déchets peut, par exemple, être assuré par la Métropole de Lyon.
Le campus LyonTech-la Doua est un poumon vert pour Villeurbanne et ses habitants. C’était donc la volonté de la mairie d’en faire un espace ouvert sur la ville, et c’est une très bonne chose. Il n’est pas souhaitable de revenir en arrière. Nous devons simplement composer avec cette configuration et nous arrivons à concrétiser des projets. Nous mettons ainsi en place cette année des bornes de tri (colonnes aériennes) des déchets valorisables et non-valorisables sur le campus de la Doua.
Sur quels aspects du développement durable se positionne la mission Développement Durable ?
J’ai déjà évoqué la gestion des déchets. Il y a aussi la question des mobilités. Avec la COMUE Lyon-Saint-Etienne, nous avons mené, il y a quelques années, une enquête pour cartographier les types de déplacements des personnels et des étudiants, afin de proposer des alternatives. Cela reste complexe à quantifier car le taux de retour des étudiants a été très faible. De même, nous n’avons pas de cartographie fine des déplacements des étudiants qui partent à l’étranger dans le cadre de leurs études, des déplacements des enseignants-chercheurs liés à leur activité de recherche ou des personnels administratifs. Pour autant, nous ne sommes pas résignés. Nous incitons aux mobilités douces avec l’installation de parkings vélos sécurisés mis gratuitement à disposition des étudiants et des personnels.
La question des achats est également importante et le service inclut des closes environnementales et sociales dans ses marchés. Nous pouvons aller plus loin et nous menons une réflexion, en ce sens, sur la façon de prioriser de grandes directions pour que l’établissement soit plus vertueux dans ce domaine. Faut-il forcément prioriser le matériel le moins cher quand on sait que ce qui coûte en émission de GES, ce n’est pas tant l’usage que la fabrication ? Doit-on considérer uniquement l’aspect performance ? Ces questions sont en réflexion à l’université.
Quelle place des étudiants dans cette démarche ?
Sur les campus de l’Université Lyon 1, c’est environ un personnel pour 10 étudiants. L’engagement des étudiants est donc indispensable. Nous sommes là pour les accompagner, leur donner les clés, mais il leur revient de s’approprier leur campus et d’impulser des actions en faveur d’un campus durable. C’est nécessaire et souhaitable si l’on veut que les changements sur les campus soient en phase avec les préoccupations des étudiants. C’est là où la mission développement durable serts de courroie de transmission entre les usagers et la gouvernance. L’engagement des étudiants, c’est un rouage essentiel à la conduite de la mission. En ce sens, nous devons amplifier leur participation et les accompagner dans leurs actions.
Comment amener les étudiants à davantage s’engager et adhérer à cette démarche de développement durable ?
On le voit dans les choix de formation, la question des enjeux climatiques est de plus en plus au cœur des préoccupations des étudiants. Cela nous amène d’ailleurs à repenser et à transformer nos formations.
À mon sens, le sentiment d’appartenance à l’université est clé pour les mobiliser. Dès lors, comment créer ce sentiment d’appartenance ? C’est une démarche globale qui dépasse le cadre de la mission développement durable. Cette problématique n’est pas spécifique à Lyon 1. Elle concerne plus généralement les universités en France. Concrètement, le temps pendant lequel les étudiants peuvent s’engager est très court, et rares sont les étudiants à faire tout leur cursus dans le même établissement. Dès la deuxième année de licence, certains se projettent ailleurs pour leur L3 ou leur Master, et c’est normal. Le temps du Master est également très court. Le constat est un peu différent en études de santé, où les étudiants sont engagés plus longtemps dans leur établissement. Peut-être qu’il y aurait une piste avec les doctorants qui sont engagés au moins pour trois ans, comme ça se fait dans le tutorat pour l’enseignement.
Crédits photographies : Éric le Roux / Dircom Lyon 1
Un dossier Sciences pour tous réalisé à l’Université Claude Bernard Lyon 1
Comment créer des espaces plaisants à vivre pour toutes et tous, performants dans leur manière de rendre des services multiples, et adaptables et résilients face aux défis de l’Anthropocène ? Ces derniers, dans un contexte d’urbanisation croissante, ont démontré aux décideurs comme aux citoyens qu’un changement de paradigme est nécessaire. Il n’est plus possible de concevoir une métropole comme un territoire largement découplé de la nature, mais bien d’imaginer des territoires urbains et péri-urbains comme des socio-écosystèmes où humains et non-humains peuvent vivre en harmonie.
S’appuyant sur des recherches et des travaux en cours à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et dans les laboratoires lyonnais, des chercheurs et des chercheuses posent un regard sur la ville de demain, et l’importance de renouer avec notre environnement, de lui faire de la place et de le faire durer.
Un dossier Sciences pour tous réalisé à l’Université Claude Bernard Lyon 1
Comment créer des espaces plaisants à vivre pour toutes et tous, performants dans leur manière de rendre des services multiples, et adaptables et résilients face aux défis de l’Anthropocène ? Ces derniers, dans un contexte d’urbanisation croissante, ont démontré aux décideurs comme aux citoyens qu’un changement de paradigme est nécessaire. Il n’est plus possible de concevoir une métropole comme un territoire largement découplé de la nature, mais bien d’imaginer des territoires urbains et péri-urbains comme des socio-écosystèmes où humains et non-humains peuvent vivre en harmonie.
S’appuyant sur des recherches et des travaux en cours à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et dans les laboratoires lyonnais, des chercheurs et des chercheuses posent un regard sur la ville de demain, et l’importance de renouer avec notre environnement, de lui faire de la place et de le faire durer.