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Crâne phrénologique (XIXe siècle)

On parle de “bosse des maths” en référence à la théorie des reliefs du crâne (ou phrénologie), qui a eu son heure de gloire chez les criminologues du XIXe siècle.

Son front, plein de rides transversales, ne manquait pas de protubérances significatives” : si Honoré de Balzac prend le soin de nous décrire ainsi son Père Goriot (roman publié en 1835), c’est parce que la conviction qu’il existe un lien entre traits physiques et traits de caractère est bien ancrée dans l’imaginaire collectif de son époque.

Au Musée d’anatomie Testut-Latarjet de l’Université Claude Bernard Lyon 1, le visiteur attentif pourra admirer un crâne humain recouvert de drôles d’inscriptions à l’encre de Chine. De l’os frontal à l’occipital, une sorte de cartographie y est reportée : elle est basée sur la phrénologie, une théorie du neurologue allemand Franz Joseph Gall.

Masser les crânes pour prédire les crimes

Selon Gall, les prédispositions mentales de chaque individu sont situées dans des zones précises du cerveau, à la surface du crâne.

Le développement de telle ou telle prédisposition donne donc lieu à une proéminence osseuse, une bosse (d’où la fameuse “bosse des maths“), tandis que l’inhibition de telle autre prédisposition entraîne un creux, décelables l’un comme l’autre par palpation du crâne.

Le crâne n’a donc jamais exactement la même forme selon les individus et leur caractère, et il est théoriquement possible de déterminer le caractère d’une personne en palpant son crâne.

Gall affirmait qu’il y a à la surface du crâne 26 zones de prédisposition, parmi lesquelles l’amour conjugal, le meurtre, l’espoir, l’appétit, la méchanceté, les langues, la musique, la mémoire…

Ces zones sont reportées sur le “crâne phrénologique” présenté ici.

Science et police

Le XIXe siècle est le siècle de la systématique (on observe, on catalogue, on classifie), mais aussi le siècle de l’urbanisation massive et avec elle des premières inquiétudes concernant la criminalité comme phénomène social.

Pendant quelques années, sciences et police ont travaillé avec la même conviction que comprendre et même prédire les tendances criminelles par le physique était possible.

On retrouve cette démarche chez le grand écrivain Honoré de Balzac, célèbres pour ses interminables descriptions qui apportaient au lecteur de l’époque des informations sur la psychologie des personnages.

Quant aux recherches phrénologiques de Franz Joseph Gall, elles sont un bon exemple des erreurs auxquelles pouvait conduire un raisonnement médical basé uniquement sur l’observation… Erreur que l’invention de la médecine expérimentale par Claude Bernard a pu contribuer à limiter.

Ses résultats ouvriront malgré tout la voie aux travaux sur les liens entre aires du cerveau et facultés mentales, et en particulier à Paul Broca qui déterminera la localisation cérébrale du langage articulé.

 

1 commentaire pour “Crâne phrénologique (XIXe siècle)”

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