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VILLE DURABLE

P. Malbos : « aligner au mieux la stratégie de l’université sur la prise en compte des enjeux climatiques »

Philippe Malbos : « aligner au mieux la stratégie de l’université sur la prise en compte des enjeux climatiques »

Propos recueillis par Matthieu Martin.

Ville de demain | Comment les universités s’adapteront-elles aux changements climatiques ? Quels impacts pour la formation et la recherche ? Philippe Malbos, Vice-président numérique, pilotage, modernisation et performance de l’Université Lyon 1 revient sur l’importance d’une transition soutenable pour les universités, et de la responsabilité de ces dernières vis-à-vis des étudiants, de la communauté scientifique et de la société face aux enjeux du XXIe siècle.

Campus durable - Ville durable - Sciences pour tous
© Éric le Roux / Dircom Lyon 1

Entretien avec Philippe Malbos,Vice-président numérique, pilotage, modernisation et performance de l’Université Lyon. Il pilote notamment le Plan d’efficience énergétique et de comptabilité des émissions de gaz à effet de serre de l’UCBL (PSE).

Comment l’université Lyon 1 envisage la transition vers des campus plus durables ?​

Tous les scénarios d’évolution des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère montrent que l’impact sur le réchauffement climatique aura des conséquences très négatives sur les activités humaines, la santé humaine, les équilibres naturels et la biodiversité. La réaction doit être immédiate et appropriée pour limiter au maximum ces impacts. À l’échelle de notre université, nous devons élaborer des solutions innovantes pour garantir la soutenabilité du projet académique, tout en réduisant fortement nos émissions de GES et l’impact environnemental de nos activités de recherche et de formation. La communauté académique se doit également apporter des réponses aux enjeux sociétaux liés à ces évolutions : santé globale, transitions environnementales, énergétique et numérique, écosystèmes urbains, modes de vie… La meilleure solution reste en effet d’aller de l’avant et de se servir du formidable levier que sont la recherche académique et appliquée pour relever le défi et trouver des solutions qui permettent la poursuite des activités humaines avec un impact moindre. Il est ainsi essentiel d’encourager les jeunes à aller dans cette voie et leur montrer que la clé est là.

La plupart de nos campus ont été conçus dans une période où le recours aux énergies fossiles n’était un sujet, ni sur le plan économique, ni sur le plan environnemental. Aujourd’hui, nous devons les adapter à la nouvelle donne environnementale, tout en y développant un cadre de vie et de travail épanouissant pour les personnels et les étudiants. Il s’agit de doter les bâtiments d’isolations adaptées, de garantir l’habitabilité des campus pendant les épisodes de canicule, de préserver leur biodiversité, d’optimiser nos procédés à fort impact environnemental ou les plus énergivores.

Un axe important est donc la réduction des émissions de GES de l’établissement…

Nous devons réduire nos émissions de GES, comme le prévoit le Plan d’efficience énergétique et de comptabilité des émissions de gaz à effet de serre de l’UCBL (PSE), que nous avons communiqué au Ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en décembre 2022, après présentation devant les instances de l’établissement. Mais nous savons également que la recherche et la formation sont les clés pour trouver des solutions à ces défis environnementaux. Il faut ainsi stimuler les jeunes sur les parcours scientifiques, changer de paradigme et insuffler de l’optimisme. Nous devons également anticiper des mesures de restriction qui pourraient être prises à l’échelle mondiale. Par exemple, l’arrêt des voyages transcontinentaux en avion aurait un impact significatif sur les activités de recherche. Les chercheurs sont amenés à se déplacer dans le cadre de leurs missions, pour s’informer de l’évolution des connaissances de leur domaine, communiquer sur leurs travaux, ou bien développer des collaborations de recherche. Comment poursuivre des collaborations scientifiques dans ce contexte ? Le transport doit-il exclusivement être réservé à certains projets ? La question se pose dans les mêmes termes pour les programmes de mobilités étudiantes et de l’ouverture des formations à l’international. Il nous faut ainsi imaginer de nouveaux modes de collaboration et des terrains d’expérimentation pour réduire nos émissions de GES sans compromettre la qualité de notre recherche, ni le rayonnement de nos formations. Actuellement, nous manquons d’outils, de méthodes, et parfois même d’un peu de volonté, pour imaginer des modes immersifs de collaboration sans avoir à se déplacer. Ces problématiques nécessitent la mobilisation de l’ensemble la communauté.

Quels impacts sur la recherche et la formation ?

Les stratégies recherche, innovation et formation de l’université Lyon 1 prennent en compte les enjeux de transition bas-carbone, de résilience climatique, de préservation de la biodiversité et des écosystèmes, de santé globale… L’université Lyon 1 a ainsi structuré ses réponses aux grands appels à projets nationaux en cohérence avec ces enjeux. Il s’agit également d’inciter les équipes de recherche à se saisir au mieux de ces enjeux en les accompagnant dans leurs réponses aux programmes de financement régionaux, nationaux et européens. Par exemple, le projet IMPULSE de Pôle Universitaire d’Innovation (PUI) se structure autour d’axes thématiques forts, s’articulant autour de la santé de demain, qui intègre dans une approche « One Health » la santé humaine, animale et environnementale, des transitions énergétiques et numériques avec les problématiques de production, de stockage, distribution et gestion d’énergie, des transitions environnementales, avec les questions de biodiversité et de l’eau, des santés des écosystèmes et hydrosystèmes et des solutions fondées sur la nature.

Il s’agit également d’aborder ces enjeux avec des approches holistiques et transdisciplinaires, ainsi qu’en intégrant les contributions des Sciences humaines et sociales. Dans ce contexte, un Think tank de l’innovation sera créé dans le cadre du PUI IMPULSE afin de favoriser les échanges transdisciplinaires entre les équipes de recherche. Une École de l’innovation systémique déploiera des dispositifs de formation favorisant une approche globale de l’innovation à destination des étudiants, doctorants et jeunes chercheurs.

Sur le plan de la formation, l’UE transdisciplinaire « Climat et transitions », à destination de tous les étudiants de licence, vise à sensibiliser aux enjeux du changement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Le programme de cet enseignement va être prochainement étendu. Il est essentiel de sensibiliser les jeunes au fait que la recherche et l’innovation sont les clés qui permettront de relever l’extraordinaire défi de la transition environnementale.

Cette approche pourrait-elle amener à de nouveaux aménagements des campus ?

Le PSE de l’Université Lyon 1 propose un dispositif en sept plans d’action, visant à accompagner la transition écologique de l’établissement. Un de ces plans concerne les modes de travail et les campus, avec une expérimentation menée en collaboration avec le PEPR SOLUBIOD, piloté par Xavier le Roux, consistant à aménager un quartier du campus Lyon Tech-La Doua suivant une approche de « Solution fondée sur la nature » (SfNs). Il s’agit d’en faire à la fois un démonstrateur des SfNs et un « living lab » (laboratoire hors-les-murs) permettant des recherches menées en collaboration entre chercheurs issus de différentes disciplines et les acteurs de terrain. Ce quartier serait largement ouvert aux habitants pour en faire un lieu de découverte pédagogique, renforçant le lien entre le campus et la ville.

Un dossier Sciences pour tous réalisé à l’Université Claude Bernard Lyon 1

Comment créer des espaces plaisants à vivre pour toutes et tous, performants dans leur manière de rendre des services multiples, et adaptables et résilients face aux défis de l’Anthropocène ? Ces derniers, dans un contexte d’urbanisation croissante, ont démontré aux décideurs comme aux citoyens qu’un changement de paradigme est nécessaire. Il n’est plus possible de concevoir une métropole comme un territoire largement découplé de la nature, mais bien d’imaginer des territoires urbains et péri-urbains comme des socio-écosystèmes où humains et non-humains peuvent vivre en harmonie. 

S’appuyant sur des recherches et des travaux en cours à l’Université Claude Bernard Lyon 1 et dans les laboratoires lyonnais, des chercheurs et des chercheuses posent un regard sur la ville de demain, et l’importance de renouer avec notre environnement, de lui faire de la place et de le faire durer.

Un dossier Sciences pour tous réalisé à l’Université Claude Bernard Lyon 1

Comment créer des espaces plaisants à vivre pour toutes et tous, performants dans leur manière de rendre des services multiples, et adaptables et résilients face aux défis de l’Anthropocène ? Ces derniers, dans un contexte d’urbanisation croissante, ont démontré aux décideurs comme aux citoyens qu’un changement de paradigme est nécessaire. Il n’est plus possible de concevoir une métropole comme un territoire largement découplé de la nature, mais bien d’imaginer des territoires urbains et péri-urbains comme des socio-écosystèmes où humains et non-humains peuvent vivre en harmonie. 

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