L’agence spatiale américaine (NASA) a annoncé il y a quelques jours une “découverte scientifique majeure” : de l’eau salée s’écoulerait sur Mars. Nos enfants iront-ils s’installer sur la planète rouge ? Nous avons demandé à Cathy Quantin-Nataf, qui pilote le projet e-Mars, ce qu’elle en pense.
L’annonce de la découverte d’eau liquide sur Mars est-elle une surprise ?
La preuve de la présence de sels hydratés est une jolie annonce, bien sûr, mais pas une surprise pour la communauté des chercheurs qui travaillent sur le sujet ! La NASA cherchait des traces d’eau depuis des années. Avec l’équipe e-Mars, cela nous intéresse évidemment beaucoup mais je ne suis pas sûre que cela change la donne en ce qui concerne l’exobiologie, c’est-à-dire la présence de vie : l’atmosphère sur cette planète est incroyablement sèche ! On parle donc ici de quantités d’eau infimes, qui s’écoulent très lentement. Il est difficile d’imaginer que cela puisse suffire à soutenir la vie telle qu’on la connaît, mais qui sait ?
La prochaine étape est-elle d’aller vivre sur Mars ?
La NASA a effectivement lancé un appel à sites pour une exploration humaine de Mars. Il s’agirait de faire atterrir l’équipage là où on est sûr qu’il y a de l’eau et où on pourrait en pomper suffisamment pour alimenter une base humaine. Nous participons d’ailleurs à une proposition de site avec les scientifiques auteurs de ce travail sur les sels hydratés. Aussi excitante que puisse être la perspective de faire se poser des humains sur Mars, il faut savoir que la NASA a une politique très particulière concernant la protection des planètes : l’agence prend toutes les précautions possibles pour éviter la contamination par des bactéries terriennes. Nous avions par exemple proposé un site d’atterrissage pour le Rover lors de l’expédition de 2020, et il a été refusé entre autres car il se trouvait trop près des traces d’eau. Ne pas pouvoir s’approcher trop près, cela ne facilite pas le travail d’exploration ! Nous sommes donc encore loin d’une colonie humaine sur Mars…
Cela a-t-il un impact sur votre propre travail ?
Cela n’a pas un impact direct, car nous travaillons sur le passé de la planète Mars, pas sur ce qu’il s’y passe aujourd’hui. En revanche, le phénomène qui a fait l’objet de l’article et de l’annonce par la NASA se passe à l’équateur martien, qui est la zone sur laquelle je travaille. Cela faisait quatre ou cinq ans que nous avions tous remarqué ces coulées bizarres, qui se produisent aux périodes les plus chaudes, et que cette équipe-là cherchait une signature. Énormément de données spectrales ont dues être analysées pour découvrir leur composition, notamment parce que cette méthode, la spectroscopie de refléctance, donne une information à 18 mètres près quand on parle ici de tout petits objets, à 25 cm près. Quant e-Mars, nous sommes toujours bien placés dans la compétition pour le site d’atterrissage d’ExoMars… rendez-vous en octobre à Amsterdam pour savoir si notre proposition sera choisie ou pas !
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