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Guérir des TOC par la chirurgie 

Un patient atteint d’un trouble obsessionnel compulsif a été opéré à l’Hôpital Neurologique de Bron. Une première lyonnaise pour la neurochirurgie fonctionnelle, technique récente aux résultats encourageants.

Les psychiatres l’appellent la “folie du doute”. Le trouble obsessionnel compulsif, ou TOC, concerne 2 à 3% de la population d’après l’Association Française de personnes souffrant de TOC. “L’obsession est une idée qui s’impose au sujet avec une telle force qu’il doit mettre en place des rituels de compensation pour y faire face”, explique le professeur Mohamed Saoud, responsable du service de psychologie médicale à l’Hôpital Neurologique P. Wertheimer de Bron. Une personne atteinte de TOC sera consciente de l’absurdité de son obsession mais incapable de ne pas réaliser les rituels qui lui sont associés. Dans près d’un tiers des cas, les patients souffrant de TOC sont pharmacorésistants : le traitement ne fait pas disparaître le symptôme. Quelle solution leur proposer?

La pharmacorésistance, une notion médicale précise
Dans le cadre du traitement des TOC, la pharmacorésistance est définie par l’échec successif de plusieurs traitements médicamenteux, associés à une thérapie comportementale et cognitive (TCC). Avant d’être considéré comme pharmacorésistant, un patient doit avoir suivi sans succès le parcours de soins suivant :

  • un traitement par antidépresseurs associé à une TCC, le tout pendant au moins un an
  • puis l’association de 2 antidépresseurs pendant 4 semaines
  • puis l’association d’un antidépresseur et de d’un antipsychotique pendant 4 semaines
  • et enfin l’association d’un antidépresseur et de lithium pendant 4 semaines

Des techniques alternatives aux médicaments

La neurostimulation non invasive, technique consistant à envoyer un courant électrique dans une zone ciblée du cerveau, est déjà employée depuis plusieurs années par le service du Professeur Saoud : le patient porte une sorte de serre-tête équipé d’électrodes placées à des endroits précis du crâne. On appelle cette méthode la stimulation magnétique transcrannienne à stimulation continue (tDCS). L’équipe du Professeur Saoud a ainsi été la première au monde à traiter par tDCS les hallucinations auditives dont souffrent les patients schizophrènes. La méthode a également fait ses preuves dans le traitement de la dépression.

A l’été 2015, l’équipe SIPAD du professeur Saoud a réussi une première lyonnaise avec les professeurs Stéphane Thobois, neurologue, et Marc Guénod, neurochirurgien : l’utilisation d’une technique de neurochirurgie fonctionnelle. Cette technique est également basée sur la stimulation cérébrale, mais cette fois sous une forme dite invasive, avec des électrodes implantées directement dans le cerveau du patient. La neurochirurgie fonctionnelle est testée à Lyon dans le cadre de STOC 2, le deuxième volet d’un programme hospitalier de recherche clinique national.

Deux semaines après l’implantation des électrodes sous anesthésie locale, le patient est opéré sous anesthésie générale pour recevoir cette fois la pile 9V qui garantit le fonctionnement des électrodes pendant sept ans. Quelques “réglages” sont ensuite nécessaires pour trouver le seuil moteur : c’est l’intensité de courant minimale qui, appliquée au cortex moteur primaire, permet d’obtenir 5 contractions involontaires du pouce pour dix stimulations. Chaque individu a son propre seuil moteur, qui dépend de l’épaisseur du crâne, de la forme de la tête, de l’excitabilité corticale et éventuellement de l’effet de médicaments.

Une fois les “bons réglages” trouvés, le traitement commence, ciblé sur le noyau subthalamique et le noyau caudé : une électrode permet d’activer et l’autre d’inhiber les zones choisies. Une quinzaine de séances d’environ trente minutes suffisent. “Les résultats sont réellement spectaculaires”, assure le Professeur Saoud.

Naviguer dans le cerveau pour le soigner

Les médecins ne ciblent évidemment pas au hasard les zones du cerveau concernées par la neurostimulation. Ils partent des données de la neurophysiologiques obtenues par l’imagerie cérébrale : “Le schéma cérébral est propre à chaque affection”, explique le professeur Saoud. Dans le cas de la schizophrénie, par exemple, les hallucinations auditives sont dues à une hyperactivité du cortex temporal auditif : il faut inhiber cette zone pour les faire disparaître. Avant toute neurostimulation, le patient va donc subir une IRM puis les images seront envoyées dans un centre parisien, qui renverra quelques heures après les coordonnées précises d’implantation des électrodes.

La neurostimulation apparaît donc sûre, économique et relativement peu risquée par le patient (le principal risque, celui de provoquer une crise d’épilepsie, est considéré comme faible à modéré). Ce qui explique que son usage s’étend à un nombre croissant d’affections psychiatriques, de la dépressions à la maladie de Parkinson en passant par les troubles du comportement alimentaire et les TOC. Si elle est réservée pour l’instant aux patients pharmacorésistants, son usage pourrait s’étendre à (presque) tous : “Cela a un côté inquiétant, bien sûr, notamment parce qu’on multiplie les intervenants autour du patient et que seuls les aspects physiologiques sont pris en compte”, reconnaît le professeur Saoud.

“D’un autre côté, très peu de nouvelles molécules sont mises au point : c’est valable pour tous les domaines, mais particulièrement en psychiatrie. Et ce serait inhumain, non éthique, de laisser des personnes en grande souffrance sans soins : le patient que nous avons opéré cet été ne pouvait plus travailler depuis 10 ans.” Pour lui, la technique chirurgicale est complémentaire à la thérapie classique mais ne la remplace pas : “Ces patients sont des gens qui doutent : le traitement par neurostimulation ne fait pas disparaître ce doute, il est simplement moins gênant.”

15 commentaires sur “Guérir des TOC par la chirurgie ”

  1. Bonjour Je suis atteintes de tocs depuis des années et j aimerai avoir des renseignements sur l opération stimulation profonde transcrannien
    J ai eu des médicaments
    Des rtms.etc…

    1. Morillo Velastegui Luis Eduardo

      Bonjour mon fils est atteint de toc intense et je serait interesse, merci de me donner información concernant le prix et la de marche a suivre
      Bien cordialement
      Mr Eduardo Morillo

  2. bonjours

    je souffre de TOC sévére depuis plus de 10 ans cela me gâche la vie j’ai tous essayer et rien na marchais
    je voulais savoir si l’implant qui est éléctromanétique pouvait “avec les ondes wifi et tous ce qui est nouvelle technologie” se déconécter, augmantais le TOC ou même tuer

    merci

    1. Bonjour Marie, et merci pour cette question! Il me semble que les implants ne sont pas sensibles aux ondes électromagnétiques. Je vais poser la question aux chercheurs et je reviens vers vous!
      A bientôt
      Cléo

    2. Bonjour, voici la réponse du Docteur Rémi Bation, du groupement hospitalier Est (consultation spécialisée dans les TOC):

      “Il n’y a aucune risque avec les ondes électro-magnétiques qu’on rencontre dans notre quotidien.
      Une exception: les champ magnétique de forte intensité (IRM ou portique de détection à métal) nécessitent par prudence la mise en arrêt du stimulateur, car il existe des risques théoriques de dérèglement voir de dommages sur le matériel.”

      A bientôt sur Sciences pour Tous !

  3. Bonjour,
    Je voudrais me renseigner si c’est possible de ce faire opérer quand on à la dermatillomanie ou il n’est pas considéré comme vrai toque ?
    J’en suis atteinte depuis 7 ans et je ne sais si c’est possible de me faire opérer et si oui où pourrai-je me renseigner pour un rdv et pour le prix au passage.

  4. Bonjour .Ma fille souffrant de dermatillomanie depuis 5 ans serait il possible d avoir recours à ce traitement sachant qu’ aucun médicaments anti depresseurs anxiolytiques ou même hypnotiques non marches et cela fait 2 ans de traitement.

  5. Bonjour, mon frère est sujet à des tocs au quotidien, ex ramasser la moindre miette, positionner au mm les objets…. Cela devient insupportable pour son entourage qui devient victime de sa maladie. Il prend des traitements, mais rien n’y fait, il reste dans sa routine. Je me tourne vers vous pour pouvoir m’aiguiller sur un professionnel qui sera capable de travailler sur sa maladie. J’ai vu que la pose d’implants était prometteur. Est ce pratiqué en France?. Merci de votre aide.

  6. Bonjour je souffre de toc depuis maintenant 6 ans je ne peux plus travailler je voudrais faire l opération car j ai 3 enfants et je ne les vois pas grandir car ce toc me handicape

  7. Bonjour – Je souffre de Névrose Obsessionnelle (FREUD) ou de Troubles Obsessionnels Compulsifs Névrotique – Quels Médecins Neurochirurgien pratique la Thérapie ou chirurgie “Neurofonctionnelle” ? Je suis en contact avec une Psychiatre – Psychothérapeute qui me donne 1 seul rendez-vous par Mois pour me soigner de cette pathologie dont je souffre depuis de nombreuses années sans résultats probant ne seraient que par le traitement médicamenteux ou les Consultations

    Je cherche une en Priorité une Spécialiste traitant la Pathologie des Troubles Obsessionnels Compulsifs Névrotique sur Clermont-Ferrand ou un Spécialiste

    En vous remerciant de vôtre réponse – A Bientôt par Mail ou par Portable – 0676554378 – Laisser-moi un message sans réponse de ma part – Merci – A Plus

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