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Mieux prendre en compte son cycle menstruel dans sa pratique sportive

Mieux prendre en compte son cycle menstruel dans sa pratique sportive

Loin d’interdire ou de contre-indiquer la pratique sportive, la prise en compte du cycle menstruel permettrait d’aller vers un suivi des sportives plus personnalisé, afin de mieux planifier les séances d’entraînement. C’est le but de la thèse de Jérémie Bouvier au Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM).

Sport et cycle menstruel

Faut-il adapter sa pratique sportive en fonction de son cycle menstruel ? Sur ce sujet, il y a en fait peu de choses que l’on sait vraiment. Et pour cause, « assez peu d’études scientifiques se sont intéressées aux spécificités féminines dans le domaine des sciences du sport » résume Jérémie Bouvier, doctorant en sciences du sport et biomécanique au Laboratoire interuniversitaire de biologie de la motricité (LIBM). Actuellement, les études menées ne permettent de tirer que peu de conclusions quant à l’impact du cycle menstruel sur la pratique du sport, quelque soit la période du cycle menstruel considérée. Et donc encore moins d’émettre des recommandations générales en la matière.

De fait, il n’existe aucune contre-indication à la pratique sportive pendant les menstruations, ou à tout autre moment du cycle menstruel. En ce qui concerne les performances des sportives, l’impact négatif des menstruations n’a pas été démontré. En revanche, le syndrome pré-menstruel, lorsqu’il devient invalidant (douleurs, nausées, maux tête), peut amener des femmes à annuler un entraînement. Mais là encore, aucun lien n’est établi avec les performances sportives, atteste jérémie Bouvier qui s’intéresse à l’impact du cycle menstruel sur les propriétés mécaniques du muscle.

Ces propriétés du muscle conditionnent le risque de blessure. Or, sur ce point, les études scientifiques semblent montrer que le cycle menstruel pourrait avoir un impact sur le risque de blessure. Il y a par exemple un risque de blessure aux ligaments croisés 4 à 8 fois plus important chez les footballeuses, comparativement aux footballeurs. En revanche, concernant les risques de blessures musculaires, seules deux études existent à ce jour, sans être conclusives. Pour essayer de trancher sur cette question, Jérémie Bouvier mène au LIBM une étude à grande échelle avec des sportives. Les participantes réalisent des tests physiques à trois moments différents de leur cycle menstruel. Pendant la phase folliculaire (début des règles), l’ovulation et en fin de cycle (phase lutéale). Avant les tests physiques, ces femmes réalisent une prise de sang à l’Hôpital de la Croix Rousse, au service de médecine du sport.

« On mesure les variations des concentrations hormonales en œstrogène et en progestérone – qui créent le cycle menstruel – pour observer comment elles impactent la pratique sportive », explique ce jeune chercheur. Il existe en effet des récepteurs de ces hormones dans les muscles, mais les mécanismes par lesquels elles agissent sur les propriétés mécaniques musculaires restent inconnus.

À terme, les recherches dans ce domaine visent à permettre de mieux prendre en compte son cycle menstruel pour organiser ses séances d’entraînement. « Il ne s’agit pas de dire qu’il ne faut pas s’entraîner à tel ou tel moment, mais plutôt de mieux organiser son planning d’entraînement. Par exemple, placer les séances les plus intenses ou les compétitions à des moments du cycle menstruel où les performances et les capacités de récupération du muscle sont maximales, afin d’en tirer les meilleurs bénéfices et pour limiter les risques de blessures. À condition bien sûr que l’on démontre un lien entre le risque de blessure et les phases du cycle menstruel », explique Jérémie Bouvier.

Pour autant, il reste difficile de prendre en compte le cycle menstruel de manière générique. Il existe de très grandes variations d’une femme à l’autre, qu’il s’agisse des variations hormonales, de la durée du cycle, de l’intensité du syndrome pré-menstruel. C’est pourquoi ce doctorant et ancien étudiant en STAPS à Lyon 1 plaide bien plus pour un entraînement individualisé, et une prise en compte au cas par cas du cycle menstruel, bien plus que pour des recommandations générales.

Avant d’en arriver à ce stade, si vous voulez aider Jérémie à faire avancer la recherche dans ce domaine, vous pouvez participer à son étude au LIBM :

https://sites.google.com/view/mecacycle/accueil

 

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