Plastiques recyclés : le projet REACTIF accélère la transformation automobile
Lauréat de l’appel à projets CORAM 2024, le projet REACTIF (REcyclage et Allègement de pièces plastiques écoConçues Technologiques et Innovantes en France) vise à intégrer jusqu’à 50 % de plastiques recyclés dans les pièces de carrosserie d’aspect des futurs véhicules. En collaboration avec le Laboratoire IMP, cet objectif répond aux défis de transformation durable du secteur de l’industrie automobile.
Un article par Matthieu Martin, le 17/12/2024
Dans un monde en quête de solutions durables, où les défis environnementaux redéfinissent les priorités industrielles, le projet REACTIF marque une étape décisive. Avec l’objectif d’intégrer jusqu’à 50 % de plastiques recyclés dans les véhicules, ce programme ambitieux s’appuie sur une collaboration étroite entre des acteurs du secteur industriel et de la recherche scientifique, avec l’implication de deux chercheurs du laboratoire Ingénierie des Matériaux Polymères (IMP).
Des défis plastiques à surmonter
Constituant une part importante des voitures, les pièces en plastique posent aujourd’hui un défi majeur : comment transformer ces matériaux usagés, souvent altérés, en ressources performantes et durables pour les véhicules de demain ?
Aujourd’hui, les plastiques recyclés représentent moins de 10 % des matières utilisées dans les véhicules, selon l’ADEME. L’entrée en vigueur de nouvelles réglementations européennes imposera bientôt 25 % de plastiques recyclés d’ici à 2032. Avec un cap de 50 % de plastiques recyclés, le projet REACTIF affiche l’ambition d’être à l’avant-garde de ce défi industriel.
« Le principal obstacle reste la gestion des impuretés et des propriétés des plastiques issus du recyclage », explique René Fulchiron, Professeur à l’UCBL et expert en rhéologie au laboratoire IMP. En effet, la production de matériaux recyclés à partir de différentes sources plastiques – même de nature proche –, comporte des impuretés pouvant altérer les propriétés des matériaux.
La gestion de ces impuretés limite actuellement la quantité de plastique exploitable après le recyclage dans des pièces de carrosserie d’aspect. D’autant plus dans un secteur comme l’automobile, qui exige des normes strictes en matière de résistances mécaniques (résistance aux chocs, au gravillonnage…), d’esthétique (aspérités, dépôt de peinture).
Des résultats prometteurs pour un secteur en transition
Malgré ces obstacles, l’objectif d’intégrer 50% de plastiques recyclés n’a rien d’inaccessible pour les scientifiques. « En laboratoire, nous avons testé des pièces contenant 100 % de plastiques recyclés. Les propriétés ne sont pas encore idéales, mais les résultats sont prometteurs », rapporte René Fulchiron.
Ces recherches s’appuient notamment sur des avancées en chimie et modifications des polymères développées au Laboratoire IMP pour intégrer des fonctions chimiques spécifiques pour compatibiliser les composants et gérer les impuretés, afin d’améliorer la qualité des matériaux recyclés et leur utilisation dans des applications exigeantes comme la carrosserie extérieure des véhicules.
« Ces dernières années, il y a eu des avancées significatives, en lien avec OPmobility, sur les méthodes de caractérisation, les approches de purifications, ce qui nous permet d’envisager concrètement cet objectif de 50% de matières recyclées dans le cadre du projet », affirme Véronique Bounor-Legaré, directrice de recherche CNRS et spécialiste d’extrusion réactive au laboratoire IMP.
La collaboration entre des partenaires comme Derichebourg, expert en tri des matériaux, OPmobility et KATE, spécialistes de la fabrication automobile et le Laboratoire IMP illustre une approche systémique, afin d’optimiser la chaîne de valorisation, depuis la collecte des plastiques jusqu’à leur transformation et leur intégration dans les véhicules de demain.
Pour une transformation durable du secteur automobile
S’appuyant sur cette collaboration entre recherche académique et industrie, le projet REACTIF prend en compte une réflexion de long terme pour que les solutions proposées répondent aux besoins actuels, tout en intégrant le recyclage futur de ces matériaux. « Si nous ajoutons des traitements chimiques ou des additifs pour améliorer les performances des matériaux conçus aujourd’hui, nous devons nous assurer qu’ils ne compromettent pas le recyclage de demain », avertit Véronique Bounor-Legaré.
Au-delà des aspects techniques, le projet REACTIF s’inscrit donc dans une réflexion de long terme sur l’écoconception des matériaux. Dans une société de plus en plus attentive à l’impact environnemental de l’industrie, cet objectif ambitieux d’utiliser 50% de plastiques recyclés dans les véhicules de demain vise à soutenir l’industrie automobile dans sa transition vers une économie davantage durable et circulaire.
Preuve de la crédibilité de l’ambition affichée par les scientifiques, le projet fait partie des lauréats de l’appel à projets CORAM 2024 de France 2030, qui soutient des projets de recherche et de développement destinés à accélérer le déploiement de solutions innovantes et durables en matière de mobilité.
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